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N° 256

FRIC, VIOLENCE OU JUSTICE ?

3 novembre 1977

jeudi 3 novembre 1977

FRIC, VIOLENCE OU JUSTICE ?

L’ARGENT-ROI

Petites phrases, bons mots, manœuvres en coulisses, la vie politique française ronronne doucement. Plus tard, ce sera le déferlement des propagandes et des démagogies. Mais quel ennui déjà. Quel que soit le vainqueur, nous savons que rien ne changera. D’autres visages peuvent apparaître, et d’autres clans s’installer dans les rouages de l’État. Peu importe : l’argent continuera d’imposer son pouvoir, son système et son modèle. En deux siècles, il est devenu notre véritable maître, que bien peu songent encore à contester. Maître discret et charmeur, finalement tolérant tant il est sûr de sa puissance... Editorial de Bertrand Renouvin, en page 12.

LES IDÉES : COMME LA JUSTICE EST VIOLENTE...

Claude Mauriac me pardonnera de parodier ainsi le titre d’un de ses livres. Les mots me viennent spontanément à l’esprit, lorsque je songe à une récente actualité. Ces visages d’une dure beauté dont les traits déjà signifient un destin. Surtout ceux des femmes, Gudrun Ensslin, Irmgard Moeller, masques tragiques, ils ont le tranchant de la justice, sa passion froide, sa raison roide. Gabriel Matzneff dans Le Monde a tout de suite fait le rapprochement qu’il fallait : les possédés, la bande à Stavroguine, Verhovenski, Kirilov, Chigaliev. J’écris les possédés, mais Matzneff traduit exactement les diables. Les « positivistes furieux » pourront rire — mais comment aborder l’énigme du mal, sa force de déflagration, son origine, ailleurs qu’auprès du mystère — certains parleront du mythe de l’ange déchu. Que la passion de la justice puisse déboucher sur l’horreur, qu’une passion noble transforme l’idéaliste en assassin, voilà qui défie le bon sens... Article de Gérard Leclerc, en page 5.