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Une révolution dans le royalisme - Deuxième partie

lundi 16 avril 1984

DEVELOPPEMENT HISTORIQUE DE LA NOUVELLE ACTION ROYALISTE

Chapitre 1

INSERTION DE LA N.A.R. DANS LE DEBAT POLITIQUE

La première grande manifestation de la N.A.F. par laquelle elle fit son entrée sur le « ring » politique, fut la participation aux élections présidentielles de 1974, et ceci pour deux raisons principales :

1/ L’accès à la candidature était relativement facile à l’époque étant donné que le candidat n’avait besoin que de la signature de cent maires. De plus, le gros de la campagne, « tout ce qui coûte cher », à savoir le matériel de propagande officiel, était payé par l’État.

2/ La candidature à la magistrature suprême est l’occasion rêvée de se faire connaître du grand public.

Ainsi, le candidat royaliste, B. Renouvin, pose à tous les Français la question de l’État, qui sera le thème de sa campagne. Mais à l’époque, le comte de Paris ne connaissait pas la N.A.F. et, ayant toujours le souvenir de ses graves mésententes passées avec l’A.F., il se méfiait des mouvements royalistes et avait clairement déclaré qu’il ne voulait pas qu’il y ait de campagne présidentielle royaliste.

Donc, B. Renouvin ne se présente pas en tant que royaliste, mais en son nom personnel, sans appartenance à un parti politique, en ayant toutefois des idées politiques bien définies. Dès lors, B. Renouvin devient crédible pour la presse.

Au second tour, là N.A.F. appelle ses militants à ne soutenir en aucun cas Valéry Giscard d’Estaing, en leur demandant de s’abstenir. Ceci représente concrètement le refus d’être inféodé à la droite ou à la gauche, lutte farouche qui se prolongera jusqu’aux élections présidentielles de 1981.

A partir de mai 1974, la N.A.F. prend vraiment position dans le débat politique français ; immédiatement, elle se met à critiquer Giscard, critique qui durera pendant tout le septennat, et dirigée contre « celui qui ne remplit pas les fonctions de président, qui représente la seule classe politique d’où il est issu, et non l’ensemble du peuple français. »

Depuis cette époque, la N.A.F. décide de réagir à tout événement politique, quel qu’il soit.

En 1977, la N.A.R. participe aux élections municipales, cette fois-ci en tant que mouvement royaliste (le comte de Paris n’étant pas intervenu). Une tentative d’alliance avec d’autres petits mouvements échoue.

La N.A.R. présente une liste dans dix arrondissements de Paris et une à Nice. Les résultats furent, comme prévu, médiocres, mais, plusieurs royalistes isolés furent élus dans des conseils municipaux, telle Régine Denis-Judicis, sur une liste d’union de la gauche à Épinal. La N.A.R. tient à mettre en avant cet exemple particulier comme une première victoire du mouvement.

A cette époque, pour bon nombre de Français, « royaliste » se confondait avec « extrême-droite », et la N.A.R. essaya vigoureusement de se dégager de cette étiquette par diverses actions significatives et retentissantes. En 1978, la N.A.R. participe aux élections législatives à visage découvert, en tant que mouvement royaliste.

Elle présenta un certain nombre de candidats, à Lille, à Rouen, à Angers, Nancy, Nantes, Nice, Versailles et Lyon, dans le but principal de donner une dimension politique aux responsables royalistes locaux. Son score fut faible (entre 0,5 et 0,8 %), mais le succès électoral n’était pas le but visé.

Le véritable but de la N.A.R. était de devenir une des composantes du paysage politique français.

Il y eut une deuxième élection partielle à Nancy, la première ayant été annulée, qui confronta deux autres candidats : un socialiste, et Jean-Jacques Servan-Schreiber, radical-centriste, européiste fervent. La N.A.R. demanda alors à tous les électeurs de voter pour le socialiste, dans le but de rompre une fois de plus le lien d’acier qui l’unissait à la droite, et surtout pour abattre l’homme qui incarnait parfaitement tout ce qu’elle combattait. A ce point de vue, ce fut un triomphe pour elle : Jean-Jacques Servan-Schreiber perdit son

Après un septennat consacré essentiellement pour la N.A.R. à une inlassable et vigoureuse critique du giscardisme, elle prit part aux élections présidentielles de 1981.

Mais Giscard, dans le but de décourager au maximum les petits mouvements, avait rendu considérablement plus difficile l’accès à la candidature :

 il fallait cette fois-ci, les signatures de cinq cents maires,

 une nouvelle réglementation avertissait que la liste des maires signataires serait publiée au Journal Officiel avec le nom de ceux pour qui ils avaient signé.

On comprend que cette réglementation venait à propos pour faire changer d’idée ceux qui auraient signé pour la N.A.R.

De plus, certains maires, qui avaient soutenu B. Renouvin aux élections de 1974, avaient subi des pressions de la part de l’administration préfectorale. Tous ces éléments s’additionnant constituèrent un obstacle insurmontable pour la N.A.R. qui ne put présenter de candidat.

Ce fut une déception, du fait, qu’à l’inverse de 1974, il aurait été possible de faire une campagne nationale purement royaliste.

Mais la N.A.R. était bien décidée à prendre position dans ce débat politique. Au premier tour, elle demanda à ses militants de voter pour les « petits candidats ».

Au deuxième tour, elle appela à voter Mitterrand, et ceci pour une raison fondamentale : la promesse de décentralisation.

De plus, il n’était sûrement pas pour lui déplaire de voir renverser Giscard ! La N.A.R. voulait aussi donner sa chance à François Mitterrand qui incarnait un espoir pour la France, aussi faible fût-il, mais elle ne se faisait pas trop d’illusions sur le programme socialiste.

Enfin, la Nouvelle Action Royaliste participa de manière active aux élections municipales de mars 1983.

Elle réussit de nombreuses alliances avec de petits mouvements tels que les Jobertistes, les gaullistes de gauche, et certains radicaux.

Mais elle ne forma aucun pacte avec les socialistes.

Elle présenta une liste dans quatorze arrondissements de Paris.

Elle connut un succès significatif lorsque Nicolas Lucas, délégué régional de la N.A.R. et animateur du club Nouvelle Citoyenneté de sa ville, fut élu à Angers, sur la liste de majorité présidentielle du maire sortant.

Plusieurs autres royalistes furent élus dans de plus petites communes. Leur règle d’or était de se présenter toujours en qualité de royalistes.

Ils adoptèrent une stratégie soit d’alliance avec ceux qui soutenaient Mitterrand, sans pour cela appartenir ni à la « gauche », ni à la « droite », soit de listes d’intérêts locaux.

En tenant compte du fait que celui qui est absent du jeu électoral n’est pas pris en considération, et du fait que, pendant les périodes d’élections, les électeurs peuvent être plus sensibilisés, la N.A.R est maintenant bien décidée à prendre part à toutes les élections qui se présenteront, afin de « banaliser » l’idée de monarchie, et de familiariser le grand public avec les royalistes.

La N.A.R. considère les années de 1971 à 1981 comme une période de test sur le plan électoral. Cette période fut composée de nombreux événements symboliques, d’expériences ponctuelles.

Ces tests lui paraissant probants, elle a décidé dorénavant de généraliser, d’agir sur une plus grande échelle, afin de crédibiliser son action et d’accéder aux médias.

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Vos commentaires

  • Le 16 avril 2010 à 18:17 En réponse à : Une révolution dans le royalisme - Deuxième partie - Chapitre II - début

    Chapitre II

    DEBATS INTELLECTUELS

    La « période maurrassienne » de la N.A.F. a commencé dès sa création, période pendant laquelle sa principale référence intellectuelle était Charles Maurras.

    Dès la création de la N.A.F., les nouveaux royalistes lancent « L’enquête sur la République et la Monarchie », voulant refaire la démarche de Maurras au début de l’Action française, qui consista à poser la question de l’État et de la Monarchie aux Français.

    Malgré tout ce que cette initiative recelait d’intelligence, la N.A.F. avait systématiquement alors le souci de montrer aux gens qu’elle avait toujours raison, travers qui a disparu au cours des années.

    Cette « Enquête » permit à la N.A.F. de découvrir qu’il existait de nombreux royalistes qui ne se réclamaient pas de la pensée maurrassienne, et donc, que le maurrassisme n’était qu’une façon, et non la seule façon, de concevoir la Monarchie.

    « Enquête » qui leur permit aussi de découvrir de grands penseurs, tel que Pierre Boutang, ancien directeur politique d’« Aspects de la France », qui avait quitté la R.N. en 1954 pour fonder l’hebdomadaire « La Nation Française » qui regroupa les royalistes qui voulaient soutenir le comte de Paris comme successeur du général de Gaulle. Pierre Boutang qui avait abandonné l’action politique pour se consacrer à la philosophie restait un fervent royaliste. Il produisit une grande impression sur la N.A.F. Se réclamant de ce qu’on pourrait appeler le gaullo-royalisme, il leur fit découvrir l’idée monarchique qui se cachait dans la conception gaulliste de l’État. C’est à cette époque que la N.A.F. redécouvrit la pensée de Péguy et Bernanos.

    1. DEBAT AVEC LES GAULLISTES

    Ce débat s’est engagé sur la grande question de la légitimité de l’État, dialogue qui ne s’est jamais arrêté et continue encore aujourd’hui.

    La N.A.R. eut l’occasion de rencontrer Philippe de Saint Robert et Olivier Germain-Thomas, directeur de la revue « L’Appel », deux intellectuels gaullistes. Lorsque le comte de Paris écrivit ses « Mémoires d’exil et de combats », dans lesquelles il retrace le dialogue qu’il eut avec le général de Gaulle, la publication de ce livre ne manqua pas de relancer le débat, la N.A.F. affirmant qu’il fallait concrétiser la « notion monarchique du général de Gaulle ».

    2. CAMPAGNE CONTRE L’EXTREME-DROITE

    Ce combat contre l’extrême-droite a commencé dès 1972. 11 visait plus particulièrement « Nouvelle École », mouvement créé en 1969, qui prétendait donner une doctrine à la droite.

    Ce mouvement reçut d’ailleurs plus tard le surnom de « Nouvelle Droite ».

    Cette campagne fut composée d’attaques virulentes de la part de la N.A.F., qui voulait dénoncer « le danger énorme que représentait ce mouvement », dont la base doctrinale était l’eugénisme « à prétention scientifique, qui ne reposait pourtant sur aucune base scientifique solide ». Beaucoup de gens, qui incorporaient automatiquement la N.A.F. à l’extrême-droite, lui firent le reproche d’attaquer des « gens intelligents » qui étaient du même bord qu’elle.

    « Nouvelle École », vexée de toutes ces attaques d’une grande violence, intenta un procès contre la N.A.F., et le perdit.

    « Nouvelle École » était alors un mouvement pratiquement inconnu, mais la N.A.F. craignait les possibilités qu’il pouvait avoir d’offrir une idéologie à une certaine classe dirigeante nihiliste mais imbue de sa supériorité. La N.A.F. s’efforça de faire connaître le danger aux journalistes, créa un « Comité contre le renouveau de l’idéologie raciste », publia de nombreux articles et communiqués, soutint un long combat judiciaire qui se termina finalement à son avantage. La campagne proprement dite, prit fin en 1973, mais la N.A.F. continua à surveiller étroitement « Nouvelle École ». En 1977, les journaux parleront beaucoup de la « Nouvelle Droite », qu’ils ont découvert en grande partie grâce aux royalistes.

    3. DEBAT AVEC LE GAUCHISME

    « Ces gens font comme nous une critique radicale de la société, critique fondée et intéressante, mais leurs remèdes sont inadaptés et insuffisants. » La N.A.F. constate que les gauchistes n’ont pas de conception de l’État : ils ne pensent qu’à la « Révolution ».

    Mais la N.A.F. affirme que la « Révolution » ne pourra être menée à bien qu’avec l’aide d’un pouvoir politique « indépendant de ses origines et des partis actuels ». Avec des maoïstes et des intellectuels gauchistes rejetant peu à peu le marxisme l’un des liens privilégiés fut Maurice Clavel.

    Maurice Clavel, ancien gaulliste ayant rompu avec le général de Gaulle en 1966 à la suite de l’affaire Ben Barka, gardant pourtant son admiration pour le Général, et profondément déçu parce que celui-ci avait été incapable de voir « ce qu’il y avait de bon dans la révolte de Mai 1968 », s’intéressa aux gauchistes et les rejoignit bientôt. Il fut l’un des co-fondateurs du quotidien « Libération ». Il assumait une sorte de magistère moral sur un certain nombre d’intellectuels extrémistes et d’activistes.

    En décembre 1971 la N.A.F. adresse une lettre ouverte à Maurice Clavel (« N.A.F. » numéro 34,) dans laquelle elle dit reconnaître chez Maurice Clavel les mêmes refus et les mêmes aspirations qu’elle. Celui-ci répond par un télégramme dans lequel il demande de prendre contact de toute urgence avec la N.A.F., et c’est ainsi qu’elle le découvre « profondément royaliste », et elle se souvient qu’il avait dédicacé une de ses pièces sur Jeanne d’Arc au comte de Paris.

    Maurice Clavel exerça une influence certaine sur la N.A.F., et entretint des rapports privilégiés avec plusieurs de ses dirigeants, notamment Arnaud Fabre, jusqu’à sa mort.

    4. LES « NOUVEAUX PHILOSOPHES »

    C’est en 1974 que paraît en France le premier tome du livre de Soljénitsyne, « L’Archipel du Goulag » qui est tout d’abord publié en russe. (Il ne sera traduit en français qu’en 1975). La « N.A.F. » fut sans doute le premier journal de France qui en parla. Soljénitsyne, à travers ce livre, déclencha chez de nombreux marxistes français une auto-critique et une soudaine méfiance à l’égard du régime soviétique.

    Cette déstabilisation de la pensée de gauche française suscita un nouveau courant d’intellectuels souvent venus de la gauche marxiste, dont Bernard-Henry Lévy fut la tête de file et qui avaient en commun de ne plus croire en l’État devenu pour eux synonyme de totalitarisme.

    Maurice Clavel fut encore le lien privilégié qui permit à la N.A.R. d’amorcer un dialogue avec la plupart des « nouveaux philosophes » et de nouer avec eux des amitiés durables. La N.A.F. s’efforça de leur faire comprendre que la Monarchie était « l’État minimum et la Liberté maximum » ; que le royalisme était « l’Anarchie plus un ».

    5. DEBAT AVEC LE GIRARDISME

    C’est au cours de l’année 1979 que la N.A.R. fit la découverte de la pensée de René Girard, écrivain français vivant et enseignant la littérature aux États-Unis. Le thème de sa pensée est une réflexion sur les comportements humains et il en déduit sa doctrine : « ce qui fait agir les hommes c’est toujours le désir mimétique », autrement dit, chaque homme agit toujours en comparaison de ce que font les autres.

    Dans le cadre de l’École Polytechnique, s’est créé le « Centre de Recherches sur l’Épistémologie et l’Autonomie », qui réunit de nombreux chercheurs et intellectuels français, et qui s’est fixé pour but d’étudier les conséquences du girardisme, et les moyens d’appliquer la philosophie de l’école girardienne à l’économie et à la politique.

    Ce centre de recherches, créé sur l’initiative de J.-P. Dupuy, disciple de Girard, réunit des intellectuels de toutes les disciplines, et est véritablement le « Laboratoire » où s’élaborent les pensées politiques françaises de demain.

    C’est une critique de la modernité, qui pense que le Pouvoir doit être extérieur à la société.

    La N.A.R. participe activement à ces recherches puisque B. Renouvin assiste au séminaire du C.R.E.A. D’autres intellectuels de la N.A.R., comme Michel Henra et Julien Betbèze apparaissent comme des « girardiens » extrêmement convaincus et compétents.

  • Le 16 avril 2010 à 18:20, par F.Aimard En réponse à : Une révolution dans le royalisme - Deuxième partie - Chapitre II - Fin

    CONCLUSION

    Ceux qui fondèrent la N.A.F, en 1971 avaient eu la volonté de sortir du « ghetto maurrassien » et ils découvrirent que l’A.F. avait exagérément simplifié la pensée de Maurras, beaucoup moins schématique et plus riche que ce qu’on leur enseignait.

    Ils découvrirent aussi très vite que Maurras n’est qu’une façon d’accéder au royalisme. l’A.F. enseignait que la démocratie est foncièrement inconciliable avec la monarchie.

    Les membres de la N.A.F., plus ou moins profondément maurrassiens, condamnaient viscéralement la démocratie, mais ils rencontrèrent Pierre Boutang, qui atténua fortement le côté « tout noir ou tout blanc » maurrassien, en affirmant que le Pouvoir idéal devait être un mélange entre la Monarchie et la Démocratie.

    A partir de 1974, les nouveaux militants qui arrivaient ne s’intéressaient plus guère à Maurras, ce qui contribua sans doute à ouvrir le mouvement vers l’extérieur.

    Aujourd’hui, la N.A.R. accepte le terme de démocratie tout en considérant que l’idée démocratique ne remplacera jamais des libertés concrètes, celles-là mêmes que remettent en cause la centralisation jacobine, le pouvoir des partis, le pouvoir des médias, etc.

    La N.A.F. à peine sortie du « ghetto maurrassien » resta enfermée dans l’idée « qu’elle avait toujours raison » quelque temps, puis, en passant par les grands débats intellectuels engagés avec la « pensée française » depuis dix ans, elle aboutit aujourd’hui à faire partie de la recherche intellectuelle française de pointe.

    Depuis 1977-1978, la N.A.R. essaie de donner la parole à tous les courants de pensée qui lui semblent intéressants, afin d’essayer d’apporter des solutions royalistes aux grands problèmes qui se posent :

    Journées royalistes, qui accueillent des orateurs de toutes tendances politiques,

    Conférences hebdomadaires des « Mercredis de la N.A.R. » où viennent parler des personnalités de tous milieux sur des sujets variés,

    Nombreuses interviews (« Royaliste » est un des rares journaux à ouvrir ses colonnes à des gens aussi divers). Récemment, viennent de se créer les « Clubs Nouvelle Citoyenneté » sur l’initiative de la N.A.R. Ils ont été annoncés le 10 mai 1982, lancés en septembre 1982. Leur propre revue, « Cité », dont le premier numéro est sorti en octobre 1982, a pour but de réunir et d’associer des royalistes et des non-royalistes.

    Le but du lancement de ces clubs ouverts à tout le monde, animés par des royalistes, est de réfléchir sur une nouvelle façon de concevoir la politique, et de concrétiser l’idée de citoyens plus responsables. Actuellement, il existe neuf clubs en France, dont un à Paris, et d’autres sont en gestation. Un premier congrès des clubs a eu lieu en novembre 1983 à Pans.

    (Il est à noter que l’idée de « Nouvelle Citoyenneté », depuis longtemps exprimée par le mouvement royaliste a été reprise à son compte par le premier ministre socialiste. On pourrait parler de coïncidence si dans le même temps, Pierre Mauroy ne s’était également prononcé pour une « révolution tranquille », titre de l’ouvrage écrit pour la campagne des présidentielles de 1981 par Bertrand Renouvin. Les militants de la N.A.R. ont pu constater à de nombreuses reprises que leurs recherches, leurs idées, leurs slogans, voire jusqu’aux motifs de leurs affiches, pouvaient être repris, détournés de leur sens véritable, par les grands partis qui ont les moyens de les imposer dans les médias.)

    La N.A.R. a des réponses à bien des problèmes, en particulier à celui de l’État. En fin de compte, et si surprenant que cela puisse paraître, les intellectuels « n’ont finalement rien à lui opposer » sur le plan de la théorie (Jean-Marie Domenach, écrivain, ex-directeur de la revue « Esprit » lors d’une conférence aux « mercredis delà NAR » en juin 1983).

    Affirmation qui demande constante vérification car le premier souci de la N.A.R. est d’amener les intellectuels, par leur propre réflexion, à la pensée monarchique.

  • Le 16 avril 2010 à 18:23, par F.Aimard En réponse à : Une révolution dans le royalisme - Deuxième partie - Chapitre III

    Chapitre III

    RAPPORTS ENTRE LE PRETENDANT ET LA N.A.R.

    1. LE COMTE DE PARIS ET LES ROYALISTES

    Après le soulèvement du 6 février 1934, dans lequel il n’intervint pas, le comte de Paris s’aperçoit que l’A.F., par un grand manque d’organisation voire de volonté, se montre incapable de faire un coup d’État.

    Pour le comte de Paris, le 6 février 1934, n’a fait qu’accroître le fossé qui partageait le peuple français. Le Prince considère que l’A.F. a monopolisé l’idée de la Monarchie, et qu’elle en a finalement fait une idéologie désincarnée.

    A force de stratégies divergentes entre la Maison de France et l’A.F., stratégies qui finissent par s’opposer, le Prétendant condamne le mouvement royaliste en 1937. Pendant la guerre, alors que l’A.F. soutient le maréchal Pétain, le comte de Paris, qui est à Alger, mène son propre jeu.

    Plus tard, la R.N. se déclarera favorable à l’Algérie française et trouve dans ce combat à renforcer son antigaullisme viscéral, tandis que le comte de Paris opte pour la solution de l’autodétermination et approuve le projet de de Gaulle.

    Suite à ces profondes divergences, on comprend fort bien que malgré la scission le Prince reste circonspect en ce qui ce concerne la « nouvelle Action Française ».

    2. LE PRETENDANT ET LA N.A.R.

    L’axe de la transformation du royalisme par la N. A. R. a été l’idée qu’il était impossible d’être royaliste sans prince.

    Aux élections présidentielles de 1974, la N.A.F. écrit au comte de Paris pour lui proposer de présenter un candidat royaliste. Le Prince réplique que « la N.A.F. n’a pas le droit de parler au nom de la tradition monarchique que seul il représente ».

    A la suite de cela, la N.A.F., par crainte d’une condamnation publique, qui lui aurait été fatale, présente un candidat sans étiquette et n’engage pas de campagne royaliste.

    Le comte de Paris n’intervint pas.

    Un an après, Philippe Vimeux, catholique et royaliste, publie « Le comte de Paris ou la passion du présent », livre qui fut édité avec le plein assentiment du principal conseiller du prétendant. Ce livre fit considérablement évoluer la N.A.F. sur trois thèmes :

     la question de la Monarchie,

     la question de la démocratie et de la citoyenneté,

     la stratégie royaliste.

    C’est alors que la N.A.F. abandonne définitivement l’idée du coup de force, décision qui se heurtera à des refus et provoquera une crise interne avec le départ de cadres du mouvement.

    La possibilité légale pour le prétendant d’apparaître comme un recours dans le cadre des institutions républicaines, apparaît désormais dans les écrits du mouvement, ce qui donnera lieu à une deuxième crise interne.

    Au mois d’avril 1975, une nouvelle revue « Cohérences », sous la seule responsabilité de ses rédacteurs (alors dirigeants et membres de la N.A.F.) publie une étude sur les « fondements de la stratégie royaliste ». Cette étude qui proposait d’appliquer des schémas en partie inspirés du léninisme et du marxiste italien Gramsci, et prônait « l’entrisme » dans des milieux influents (à la manière troskiste), fut énergiquement contestée au Comité directeur. Elle fut rejetée par la grande majorité des militants et une réponse aux accusations formulées dans la revue contre la direction et la stratégie de la N.A.F. fut publiée (« Stratégie et politique », cahier de l’Institut de Politique Nationale, hors série numéro 1). La tendance néo-maurrassienne continua longtemps des activités et des publications qui diffuseront des idées plus ou moins royalistes dans de nouveaux milieux, mais auront au final des effets négatifs sur le moral des royalistes sans rien fonder de solide.

    Cela permit cependant à la N.A.F. d’amorcer une réflexion plus complète sur sa stratégie A partir de cette période, le comte de Paris exerce une influence déterminante sur la N.A.R., aussi bien sur le plan intellectuel que stratégique.

    Mais, malgré ces relations privilégiées, l’indépendance politique réciproque ne se dément pas.

    La N.A.R. réaffirme énergiquement qu’elle n’est pas le porte-parole du prétendant, et qu’il n’est pas le « chef de la N.A.R. ». Cependant, le comte de Paris a manifesté sa sympathie à l’égard de la N.A.R. dans une déclaration à « L’Express » (7 au 13 avril 1979). Il a également accordé une interview à la N.A.R. lors de la publication des « Mémoires d’exil et de combats ; La N.A.R. s’est trouvée être le seul mouvement royaliste à faire campagne, sans arrière-pensée aucune, pour cet ouvrage.

    Elle n’a jamais été désavouée par le comte de Paris, ni aux législatives de 1978, ni aux présidentielles de 1981 lorsqu’elle soutint F. Mitterrand. Le comte de Paris eut évidemment une attitude différente que sa position imposait. Mais on peut affirmer que l’attitude du comte de Paris à propos des problèmes politiques est analogue à celle de la N.A.R.

    On peut, objectivement, remarquer un rapprochement évident comme le montre le texte du comte de Paris publié le 30 juin 1982 par « Le Monde », ou encore mieux la « Lettre aux Français » parue à l’automne 1983 aux éditions Fayard.

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