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Une révolution dans le royalisme - Quatrième partie

lundi 16 avril 1984

Quatrième Partie

DES RELATIONS QU’ELLE ENTRETIENT… …A L’IMAGE QU’ELLE DONNE

Chapitre 1

LES RELATIONS DE LA N.A.R. AVEC LES MOUVEMENTS MONARCHISTES ETRANGERS

1. LA N.A.R. ET LE PARTI POPULAIRE MONARCHIQUE PORTUGAIS

Bref historique du Parti Populaire Monarchique

Ce jeune mouvement a pour programme de développer le Portugal en alliant « niveau de vie » et « qualité de vie ».

Les royalistes qui étaient contre Salazar étaient minoritaires pendant la dictature.

La plupart des royalistes pensaient que Salazar, comme Franco en Espagne, allait refaire la monarchie. Les autres croyaient que la monarchie ne pourrait revenir sans l’appui du peuple, sans un référendum.

Les premiers prisonniers politiques, sous Salazar, furent des monarchistes. Dès sa création, le P.P.M. a voulu rester un parti indépendant des autres forces politiques afin de ne pas participer au débat idéologique qu’il estimait dépassé. Discuter des relations de production, des idéaux sociaux de la Démocratie chrétienne ou du Communisme, n’a rien à voir avec le pays réel.

Seul parti écologiste au Portugal, le P.P.M. est en première ligne contre le nucléaire et le gaspillage, pour l’utilisation rationnelle des ressources du pays.

Dans la perspective des élections, ils se sont rapprochés des socio-démocrates.

Le P.P.M. a conquis de nombreux sièges lors des dernières élections municipales et régionales. Les dernières élections municipales lui ont attribué deux pour cent des voix au niveau national.

Le P.P.M. refuse de rentrer dans le jeu de la Gauche contre la Droite, ou inversement.

Les royalistes portugais ayant participé à la « Révolution des œillets » qui libéra le Portugal de la dictature salazariste, le futur P.P.M. participa au premier gouvernement provisoire, tout en rejetant - ce qu’il considère aujourd’hui comme une erreur stratégique - les grands postes ministériels et se contentant d’un secrétariat d’État.

Les royalistes ont participé efficacement à la lutte contre la tentative de prise du pouvoir par les communistes au début de la Révolution.

Les royalistes du P.P.M. sont reconnus comme des démocrates. Au Portugal, comme en France, les royalistes conservateurs n’ont aucune influence tant sur le plan de la pensée que sur celui du jeu politique. La vision politique du P.P.M. coïncide avec celle de la N.A.R., surtout en ce qui concerne la décentralisation et le refus du libéralisme économique.

Comme la N.A.R., le P.P.M. recherche une troisième voie sur le plan socio-économique.

Jusqu’en avril 1983, le P.P.M. avait :

 un ministre de la Qualité de la Vie,

 un sous-secrétaire d’État à l’Agriculture,

 une secrétaire d’État aux Sports,

 une secrétaire d’État à l’Environnement.

Il avait également six députés.

L’allocation d’État aux partis politiques constitutionnels assure au P.P.M. son indépendance matérielle.

Le duc de Bragance, leur prétendant, est un écologiste convaincu qui dialogue avec la classe politique et avec « tout ce qui compte » dans la vie portugaise, intellectuels, professeurs, etc. Il connaît également très bien et se reconnaît dans la Doctrine sociale de l’Église catholique.

Il existe au Portugal un sentiment monarchiste populaire très fort, sans doute parce que le souvenir de la monarchie est récent dans la mémoire historique du peuple, et que la république fut une courte expérience de désordre politique qui entraîna la dictature.

L’idée royaliste, présente dans toutes les couches sociales, tend à percer dans les milieux étudiants, progressivement.

Comme à la N.A.R., les militants royalistes du P.P.M. viennent de tous les horizons politiques ; sociologiquement, le P.P.M. reflète la société portugaise.

Le royalisme portugais est riche d’enseignements pour le royalisme français : il montre qu’un mouvement minoritaire peut très bien, tout en gardant son indépendance, participer à un jeu gouvernemental, « s’allier sans se renier », tout en poursuivant son objectif : l’instauration de la monarchie.

La N.A.R. et le P.P.M., très proches sur le plan des idées politiques, entretiennent des relations amicales : B. Renouvin fut invité, pour une semaine d’études à travers le Portugal, en décembre 1982. Luis Filipe Coimbra, membre du Bureau politique du P.P.M. fut invité à Paris en juillet 1979, où il fut interviewé par la N.A.R., et c’est lui qui noua le premier contact entre les deux mouvements monarchistes.

2. LA N A.R. ET L’UNION MONARCHISTE ITALIENNE

L’U.M.I. a la caractéristique de regrouper en son sein toutes les tendances du monarchisme italien. De nombreux députés de différentes couleurs politiques sont en même temps adhérents de l’U.M.I. mouvement officiellement reconnu par le défunt roi Umberto. Cependant les militants actifs du mouvement, en particulier les jeunes royalistes, ceux qui ne se définissent que par leur royalisme sans aucune autre attache politique sont le plus souvent influencés par la pensée de la N.A.R.

Ils s’efforcent en effet de « mener un combat qui soit d’avenir », de redéfinir leur héritage culturel et historique et le transformer en potentialité révolutionnaire.

Ils conçoivent le fait de faire de la politique comme « comprendre l’histoire, observer les époques et l’évolution des valeurs ».

Avec la ferme intention d’élaborer leur propre projet royaliste, ils veulent sortir du ghetto où, ils se sentent enfermés pour évoluer, et devenir les porte-voix et les interprètes de toutes les oppositions et contestations sociales, culturelles, politiques, « unies dans un dessein unique : l’alternative monarchique ».

C’est pour eux, le sens du choix d’une « Monarchie radicale » ni extrémiste, ni conservatrice, mais fondée sur un consensus populaire. Sur le plan politique, l’U.M.I. a la volonté de lutter pour « s’identifier au pays réel oppressé par le pays légal, qui ne représente plus le peuple », de se définir comme n’étant ni de droite, ni de gauche, mais procédant de la nation entière.

Ils considèrent la Monarchie comme une « synthèse organique » rassemblant la Couronne et les citoyens.

Ils pensent que la tradition, ni conservatrice, ni progressiste, est quelque chose d’éternel.

Entre le collectivisme marxiste et la social-démocratie de l’État-providence, et le capitalisme effréné, les royalistes italiens proposent une troisième voie : certains d’entre eux préconisent une autogestion du monde du travail (cogestion des moyens de production et actionnariat ouvrier) et de l’école. A l’instar de la N.A.R. et du P.P.M., ils proposent une décentralisation administrative dans un État monarchique représentatif ou fédéral.

L’U.M.I. rend la République seule responsable de toutes les crises qui secouent l’Italie, car, d’une part, elle a failli historiquement, et d’autre part, elle est « totalement assujettie aux partis et aux factions,) ; elle est la proie des oligarchies financières.

Tout comme la N.A.R. les jeunes royalistes de F.U.M.I. entrevoient la Monarchie comme « unité et continuité », et le but de leur combat n’est pas la « restauration », mais « l’instauration ».

Vos commentaires

  • Le 16 avril 2010 à 18:52, par F.Aimard En réponse à : Une révolution dans le royalisme - Quatrième partie

    Chapitre II

    LA N.A.R. VUE PAR LA PRESSE

    1. INTRODUCTION

    « Un ex-séminariste partisan du Mao-maurrassisme a provoqué le schisme dans l’Église de l’Ordre ». Tel est le titre de l’article que consacre « Minute » à l’annonce de la scission de la Restauration Nationale et de la N.A.F., en juin 1971.

    Ce « partisan du mao-maurrassisme », c’est Gérard Leclerc, que l’hebdomadaire d’extrême-droite juge « brillant mais ambitieux », « dogmatique et rêveur, rêvant d’ouvrir les portes de l’Action française aux contestataires... » « Minute » parle du « larmoyant sermon » de G. Leclerc sous le titre de « Lettre ouverte à Richard Deshayes » qui « prend le style » de « Charlie-Hebdo », ainsi que d’un certain « Mai royaliste » de Renouvin.

    « Minute » annonce enfin que lors d’un meeting d’Ordre Nouveau, mouvement nationaliste d’extrême-droite, ces néo-monarchistes se sont rangés du côté des gauchistes pour « casser du fasciste ».

    « Le Monde », lui, parle de « royalistes gauchistes » qui veulent crier et non se taire. Mais il reconnaît que la nouvelle tendance royaliste a déjà un atout dans son jeu : « la qualité des orateurs » et de conclure : « qui portera le plus haut le flambeau de Maurras, les anciens combattants ou les jeunes gens impatients d’en découdre avec la République ? » (30 avril 1971)

    « Le Figaro », dans un numéro d’avril 1971, commentant la scission A.F.-N.A.F., esquisse un timide rapprochement avec les jeunes marxistes-léninistes, en faisant allusion aux « péripéties qui conduisirent le P.C. à rompre avec eux ».

    2. LES PRESIDENTIELLES DE 1974

    « La N.A.F. était surtout un rendez-vous de royalistes contemporains, ayant senti le souffle de Mai 1968, ayant brisé là avec le traditionalisme formel de leurs aînés, et décidés de dégager leur famille politique du voisinage gênant de l’extrême-droite, de ses mauvais souvenirs, et de ses excès... », écrit « Le Monde » du 29 avril 1974, alors que la campagne présidentielle est à son paroxysme. Tous les journaux, des quotidiens provinciaux aux quotidiens nationaux, parlent du « petit candidat de la N.A.R. qui se présente à titre personnel ». Néanmoins, il est indéniable qu’il soulève un certain intérêt dans la presse du fait de son originalité.

    ... « Malgré tout, défendre des thèses monarchiques, croire au retour du Roi et œuvrer à la Restauration n’est pas chose facile en 1974, d’autant plus que l’héritier... garde un silence lointain... » reconnaît avec justesse « Le Monde » du 29 avril 1974.

    De son côté « Aspects de la France », poursuivant inlassablement la N.A.F. de sa rancune, ne manque pas une occasion de la discréditer aux yeux de son public, en imaginant un prétendu « cul-de-sac » auquel aboutissent toutes les idées du jeune mouvement monarchiste, et en imposant ses opinions qui veulent paraître justes, et émanant d’un vrai mouvement royaliste raisonnable et réaliste.

    ... « La décentralisation serait dangereuse et mettrait en péril l’unité nationale, si elle n’était pas contrebalancée par le renforcement du pouvoir central. C’est pourquoi elle n’est concevable qu’en Monarchie »... affirme « Aspects de la France » pour contrecarrer la N.A.F. qui envisage en compromis une certaine décentralisation républicaine.

    Toujours à propos de la décentralisation, « Aspects » dans son numéro du 2 mai 1974, met en garde la N.A.F. en voulant lui montrer qu’elle s’égare dans une mauvaise voie : ... « sans doute M. Renouvin ignore-t-il que la subversion tente actuellement de dresser les régions contre la Nation... »

    3. 1975 : PUBLICATION DU « DESORDRE ETABLI »

    « M. Renouvin a écrit le livre que l’on pouvait attendre de lui ; il dit à peu près le contraire de ce qu’on lit habituellement sous la plume d’un monarchiste »... C’est ainsi que « Le Monde », en janvier 1975, annonce la publication du deuxième livre de B. Renouvin.

    ... « Sans doute n’est-il pas nouveau que ni la droite, ni la gauche, ne trouve grâce aux yeux d’un polémiste »... poursuit « Le Monde » qui conclut en disant que la N.A.F. s’efforce d’être « ailleurs ».

    De son côté, « La Croix » fait preuve d’un certain intérêt en faveur du livre de B. Renouvin.

    « B. Renouvin appartient à un petit groupe qui ne manque pas d’intérêt sur le plan intellectuel...

    ... le livre de B. Renouvin est bien dans la ligne de ce petit groupe remuant, original, sympathique, rêvant entre 1848 et 1968... »

    « La Croix » poursuit en reconnaissant que l’auteur, nourri d’histoire, trouve des mots justes pour décrire l’aridité du monde urbain, etc.

    Elle fait remarquer que le directeur de la collection présente l’auteur comme un Bernanos, et conclut par une remarque amicale et désintéressée : ... « Malgré un style brillant, B. Renouvin manque un peu de coffre et de tripes. L’exercice n’en demeure pas moins intéressant. » (Janvier 1975)

    4. 1978 : LA N.A.F. DEVIENT LA N.A.R.

    De très nombreuses annonces de la création de la N.A.R. parurent dans tous les journaux. Retenons-en une :

    ...« Cette transformation est le résultat d’un renouvellement engagé depuis plusieurs années au sein du mouvement où se mêlent différentes traditions politiques, et qui accueille dans ses rangs des militants venus de tous les horizons... » (« Ouest-France », 28 novembre 1978)

    5. LES PRESIDENTIELLES DE 1981

    PUBLICATION DE “LA REVOLUTION TRANQUILLE”

    Le journal provincial « Loire-Matin-Dimanche » en février 1981, tente de situer la N.A.R. dans le jeu politique actuel. ... « Beaucoup de gens assimilent la N.A.R. à l’extrême-droite... Libérés des dogmes maurrassiens, ils s’inspirent d’une grande diversité de traditions intellectuelles, allant de Boutang à Clavel, en acceptant certains aspects de Maurras... »

    En mai 1981, « La Nouvelle République » annonce la prise de position de la N.A.R. en faveur de F, Mitterrand : ... « Dans un communiqué, la N.A.R. apporte son soutien à Mitterrand. Non pas que les royalistes épousent toutes les querelles de la Gauche et adhèrent aveuglément à son programme, mais ils croient simplement qu’une autre politique est possible. Ils en attendent un peu plus de justice et de liberté... »

    Le journal breton « Armor-magazine » tente, en juin 1981, de faire une critique de « La Révolution tranquille » qui vient d’être publié.

    ... « Porte-parole de la pensée progressiste-monarchiste, B. Renouvin a le courage d’être royaliste à une époque où cela signifie qu’on est à contre-courant... C’est un intellectuel ouvert aux réalités des travailleurs ...

    « La Révolution tranquille » reste malheureusement trop flou dans les propositions et n’apporte pas la démonstration qu’un prince contribuerait davantage à l’harmonie, à la solidarité... »

    « Armor-magazine » conclut en souhaitant que B. Renouvin approfondisse ses idées et les développe dans un autre ouvrage.

    6. LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1983

    « Le Quotidien de Paris » du 28 février 1983, explique la prise de position du groupement électoral « Paris pour tous ».

    ... « Le collectif « Paris pour tous », regroupe des démocrates, des écologistes, des gaullistes, des radicaux, des royalistes... Il se situe dans la majorité présidentielle, mais veut constituer une troisième composante pour modifier le climat qui existe dans la vie politique des deux blocs opposés... »

    « L’Est républicain », dans un numéro de mars 1983 déclare : ... « La N.A.R. souhaite qu’à l’avenir les formations de la majorité fassent preuve de l’imagination, de la clarté d’expression, et de l’ouverture d’esprit qui leur font tant défaut. »

    Ainsi les textes précédemment cités montrent que la N.A.R. a su donner d’elle une idée assez juste dans la grande presse.

  • Le 16 avril 2010 à 18:56, par F.Aimard En réponse à : Une révolution dans le royalisme - Quatrième partie - Chapitre III

    Chapitre III

    LA N.A.R. VUE PAR LES INTELLECTUELS

    En juin 1981, devant l’échec de sa campagne électorale, la N.A.R. s’interrogea et décida de lancer une grande enquête sur la vision qu’elle inspirait dans les milieux intellectuels.

    Ainsi, elle écrivit à une dizaine d’intellectuels relativement proches d’elle, en demandant à chacun de lui dire comment ils voyaient la façon dont elle avait mené son combat royaliste depuis dix ans, depuis qu’elle avait quitté la vieille Action française.

    La N.A.R. n’accompagna cette demande que d’une seule recommandation : celle de ne pas chercher à lui faire plaisir.

    Certains intellectuels répondirent par lettre, d’autres furent interviewés. Leurs réponses furent publiées dans plusieurs numéros de « Royaliste » sous le titre : « ils nous jugent ».

    Philippe de Saint Robert

    « Gaullo-monarchiste », journaliste, historien, il estime que les royalistes de la N.A.R. sont les seuls qui, à sa connaissance ont su tirer toutes les conséquences du fait de la redécouverte par les Français que l’idée monarchique se rattachait moins à la nostalgie d’une restauration menacée, qu’à cette tradition capétienne qui incarne et vivifie la continuité politique de notre histoire, et dont parfois, d’autres régimes de circonstance, ont su respecter, voire assumer l’héritage.

    Philippe de Saint Robert considère le régime giscardien comme s’apparentant aux « erreurs ultramontaines des restaurations ratées du XIXe siècle ».

    Il pense que la N.A.R. a pourtant, parfois, un goût excessif des idées à la mode et des « semblants de débats » qu’elles suscitent ; d’autre part, il affirme que la génération de mai 1968 n’est malheureusement pas ce que la N.A.R. a cru qu’elle -serait, mais, il reconnaît que les faiblesses de la N.A.R. ne sont que le signe de sa volonté de vivre « avec son temps ».

    Pierre Boutang

    Philosophe royaliste, pour lui, le royalisme ne se veut pas une force, mais n’est pas non plus une simple opinion. Les vrais royalistes ne devraient pas, selon lui, être fidèles au royalisme, mais au Roi seul. Il affirme ainsi que la seule force des royalistes, c’est qu’il y à le Roi, et que le Roi « ne meurt pas ».

    Pierre Boutang avoue qu’il a préféré, depuis que la N.A.R. existe, son mode d’action à tout autre, et ceci « sans injustice pour ceux qui se croient des adhérents au système du royalisme ».

    Luc de Goustine

    Écrivain royaliste, éditeur, ancien de mai 68, a répondu particulièrement chaleureusement à la N.A.R. Il semble très enthousiaste de ce bilan d’action depuis dix ans, et déclare : « ... le mot doctrine a retrouvé pour vous son sens actif et riche. »

    Henry Montaigu

    Historien, royaliste « plus traditionaliste » que la N.A.R. (il est disciple de René Guénon), est convaincu que les royalistes sont porteurs d’une certitude et d’une espérance. La vocation fondamentale du royalisme est, selon lui, d’être en perpétuelle dissidence du système. En considérant le giscardisme, il ne peut s’empêcher de penser que « la contrefaçon de l’ancien régime est à son comble ».

    Olivier Germain-Thomas

    Gaulliste, écrivain, éditeur, il voit en la N.A.R. le seul groupe politique où l’on puisse aborder « l’essentiel », c’est-à-dire, « ce qui est à l’origine de la politique, et donc la domine invisiblement : les questions spirituelles ».

    Cependant, il « soupçonne » la N.A.R. d’être un peu dogmatique, pour ne penser qu’à la forme ancienne de la légitimité, « qui ne prenait son véritable sens que lié à un principe transcendantal ». Olivier Germain-Thomas n’est pas monarchiste et considère que le système mis en place n’est pas aussi superficiel que l’estime la N.A.R., mais néanmoins, que ce sont les dirigeants et politiciens du système qui ne valent pas grand’ chose.

    Jean-Edern Hallier

    Essayiste, polémiste, iI se montre favorable à l’alliance que la N.A.R. a fait avec la gauche, qu’il affirme positive ; cependant, il met fermement en garde de ne pas être dupe et de ne pas entrer dans le jeu de la gauche. Il pense que la N.A.R. aura un formidable avenir dans la vie politique et culturelle si toutefois elle sait prendre la politique par le biais de la culture. Et pour cela, il encourage à privilégier le talent. Jean-Edern Hallier se dit pour la souveraineté et « contre tous les pouvoirs ». « Nous vivons dans un monde illégitime », reconnaît-il, et il pense qu’il faut commencer, pour le rendre meilleur, à « balayer les idéologues ». Pour lui, la Monarchie incarne la Légitimité la plus belle. Il rappelle le vieux dicton, qu’il apprécie beaucoup, et qui s’applique en l’occurrence d’après lui : « c’est par l’inutile qu’on atteint l’utile ».

    Marcel Jullian

    Homme de télévision, éditeur. C’est un farouche partisan de l’alliance du Roi et du Peuple. Il reconnaît que la N.A.R. a su insister sur « cet aspect éternel et moderne » en même temps, de la pensée monarchiste.

    Jean-Luc Marion

    Philosophe, directeur de la revue catholique « Communio », conseille fortement à la N.A.R. de développer une « marginalité centrale ». « En politique, il suffit de ne pas être capable de conquérir le pouvoir pour être marginal », explique-t-il, mais pour lui, la N.A.R. est beaucoup plus que cela : ce n’est pas un mouvement politique, car elle ne cherche pas à conquérir le pouvoir, ni à défendre une idéologie. De ce point de vue, Jean-Luc Marion rejoint Pierre Boutang. « C’est par la Légitimité que la N.A.R. concilie ses idées apparemment contradictoires » poursuit Jean-Luc Marion, mais il pense qu’il faut déterminer, en théorie, ce que veut dire Légitimité.

    Léo Hamon

    Juriste, gaulliste de gauche, ancien secrétaire d’État de Jacques Chaban-Delmas, est reconnaissant à la N.A.R. de vouloir « épouser le mouvement libérateur des hommes ». Léo Hamon n’est pas royaliste, donc ne croit pas à la possibilité de la réalisation de l’objectif royaliste suprême, à savoir l’Instauration.

    Toutefois, il affirme que la réconciliation nationale voulue par la N.A.R. doit aboutir, et il encourage fortement cette entreprise courageuse. « Je ne crois pas que la Monarchie puisse rentrer dans l’ordre des faits... » déclare-t-il, mais cependant, il respecte la volonté de la N.A.R. d’allier la raison au mythe.

    Roger Pannequin

    Ancien membre du Comité central du Parti communiste français, s’associe entièrement à la définition donnée par la N.A.R. de la bourgeoisie comme « usurpatrice du pouvoir populaire », et non seulement, comme l’a longtemps cru Roger Pannequin, comme simple usurpatrice du pouvoir gouvernemental.

    Cet ancien communiste constate que, face à la Gauche, la N.A.R., ne s’est jamais située en adversaire, ni en étrangère. Il croit que la N.A.R. est destinée à jouer un rôle plus large que celui d’un simple cercle d’études, si elle demeure un mouvement vraiment contestataire II croit également que la N.A.R. peut apporter dans le domaine de l’histoire des classes sociales en France, un autre point de vue que celui de Marx.

  • Le 16 avril 2010 à 18:58, par F.Aimard En réponse à : Une révolution dans le royalisme - Quatrième partie

    CONCLUSION GENERALE Et aujourd’hui ? Après douze ans d’existence, où en est la Nouvelle Action Royaliste ?

    En premier lieu, demandons-nous si la Nouvelle Action Royaliste, depuis la scission de 1971, a évolué ou est restée blottie dans son ébauche première.

    On peut tout d’abord parler d’une « Révolution dans le royalisme », pour trois raisons fondamentales : la N.A.R. se veut un mouvement politiquement révolutionnaire pour la société française.

    La N.A.R. est un retour aux idées essentielles de la Monarchie en France à travers la pensée du comte de Paris.
     Elle exprime sa ferme volonté de remplacer les vieilles structures monarchiques par des nouvelles, adaptées à notre temps et à ses nouveaux impératifs.

    Je crois que l’on peut honnêtement parler d’une « Mutation historique ». En effet, la N.A.R. s’est transformée de façon radicale depuis 1971 !

    Elle a fait évoluer la pensée royaliste, du maurrassisme à une conception très ouverte de la monarchie. Elle a transformé le « royalisme de regret » en un « royalisme politique ».

    Elle s’est située différemment dans le jeu politique, faisant passer le royalisme d’un engagement à l’extrême-droite à une position indépendante et, là encore, plus ouverte.

    Sur le plan politique, bien que le mouvement royaliste reste électoralement minoritaire (le gain quantitatif en matière d’élection n’étant pas son objectif primordial) il suscite toutefois un intérêt certain, lequel est pourtant considérablement freiné par la constante vision utopique du projet des royalistes.

    Ainsi, l’un des obstacles que les royalistes ont à franchir dans les années à venir est le manque de crédibilité de leur projet dans le public français - la question suprême du roi inspirant une grande méfiance, voire un refus total de s’en préoccuper, même pour des personnes que les idées de la N.A.R. intéressent. Ceci est donc un problème majeur, car « la royalisation du pays » envisagée par les royalistes, condition indispensable à la venue du prétendant, reste un objectif bien difficile à réaliser.

    Néanmoins, des citoyens royalistes, qui, il y a dix ans se trouvaient totalement en dehors du débat politique, sont aujourd’hui pris au sérieux et pleinement engagés dans la vie politique, non seulement française mais étrangère, ce qui est un signe d’encouragement certain pour les militants de la N.A.R.

    La réinsertion du royalisme dans le débat intellectuel français est d’autre part un fait incontestable. Plaque tournante intellectuellement, la N.A.R. est un point de jonction entre plusieurs groupes intellectuels ainsi qu’en témoignent, par exemple, les « mercredis de la N.A.R. » ou les « Journées royalistes ».

    Des intellectuels aussi différents que P. Boutang et M. Clavel, que R. Girard et J -L. Marion, ou encore Ph. de Saint Robert, P. Chaunu, Jean-Marie Domenach ou des « nouveaux philosophes » viennent y débattre. Et cela sans doute parce que la N.A.R. ne se veut ni une doctrine, ni une force politique

    Toutefois une exception à cette ouverture : la N.A.R. se refuse de poursuivre le débat qu’elle avait pourtant souhaité avec le marxisme, jugeant ce débat bloqué, dans la mesure où le marxisme lui apparaît comme un « placenta/) du totalitarisme. (Elle accepte pourtant de recevoir à ses « mercredis » un écrivain comme Michel Glouscard, marxiste auteur d’un livre passionnant sur « Le capitalisme de la séduction » II s’agit en l’occurrence de s’informer d’une pensée originale, mais non de reprendre un vieux débat). Il faut rappeler par ailleurs que la N.A.R. exprime sa farouche et implacable antipathie envers tout racisme sous quelque forme qu’il se présente.

    En conclusion, je crois que l’on peut objectivement dire que la N.A.R. est un des rares exemples de mouvement possédant une pensée politique ferme, tout en restant totalement ouvert aux différents courants de la pensée française. Dans cette perspective nouvelle, les royalistes de la N.A.R., loin d’être des nostalgiques de la Vieille France, ne sont-ils pas plutôt l’image d’une passion active et encore optimiste du présent et de l’avenir ?

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