Votez !
par Loïk de Guébriant
Dimanche, les électeurs européens désigneront les 720 députés qui travailleront au Parlement européen pour décider, avec la Commission européenne et les dirigeants des 27 États membres, de la politique de l’Europe pour les 6 prochaines années. Les Français enverront 81 députés au Parlement européen. Le scrutin est intégralement proportionnel, il n’y a qu’un tour. Ce mode de scrutin est donc très différent de ce que nous avons l’habitude d’utiliser chez nous en France. Notre président est élu grâce à un scrutin majoritaire à deux tours : au premier on choisit, au second on élimine. Pour les législatives, même chanson, on choisit au premier et on élimine au second. Pour les élections locales, qu’elles soient régionales, départementales ou municipales, le principe des deux tours est roi avec, dans certains cas, une dose de proportionnelle, mais le principe de fond reste le même : choix au premier tour, puis élimination au second afin d’éviter la tendance politique la plus honnie par chaque électeur. Le résultat c’est que l’on vote souvent, même au premier tour contre ses convictions afin de placer au second tour ce que l’on considère comme le moins mauvais choix. C’est ce que l’on appelle le vote utile.
Pour les élections européennes, rien de tout cela n’est valable. La seule question à se poser pour l’utilité de son vote est de savoir si la liste de son choix a des chances d’obtenir des élus. Grâce aux sondages, on peut considérer que 8 listes ont de grandes chances d’obtenir les 5 % nécessaires pour avoir des élus. Ainsi, pour voter utilement, envoyer au Parlement européen des députés qui défendront nos convictions, on dispose d’un choix assez large.
Les autres listes, une trentaine, défendent pour la plupart des idées plutôt sectorielles ou symboliques. Certaines défendent les animaux, des passions (il y a une liste chasseurs et ruralité), il y a aussi des listes qui proposent le Frexit, soit la sortie de l’union européenne à l’instar de ce qu’à fait la Grande-Bretagne, et puis toutes ces listes « révolutionnaires », souvent trotskistes, ou bien cette liste qui défend l’usage de l’esperanto, ce qui est sympathique même si ça reste manifestement utopique... Car ces 30 listes se trouvent très loin dans les intentions de vote, et à moins d’une énorme surprise, n’ont aucune chance d’avoir des élus, dès lors, voter pour l’une d’elles ne semble pas très « utile », sauf à titre de témoignage, de pierre posée pour un avenir meilleur lointain, pour l’entretien d’une flamme militante... À vous de voir.
En tout cas, si vous choisissez une liste ayant une chance d’avoir des élus, sachez que votre vote sera décisif dès ce dimanche 9 juin, il n’y aura pas de rattrapage ! Votez pour vos convictions, c’est quand même plus agréable que de mettre un bulletin à regret lors d’un second tour où aucun candidat en lice ne correspond à vos idées !
Ce qui est important
par Frédéric Aimard
Les élections européennes ont lieu ce 9 juin. La campagne n’a pas passionné malgré quelques beaux moments. Seules les têtes de liste sont un peu connues, et encore seules celles des listes ayant une chance d’atteindre le seuil de 5 % en deçà duquel, on n’a aucun élu.
Je comprends bien ce que veut dire Loïk de Guébriant dans son éditorial ci-dessus, et je vais sans aucun doute faire comme il dit. Même si, en vieux militant de causes plus ou moins désespérées, il m’en coûte de ne pas contribuer à donner un encouragement à ceux qui espèrent contre toute espérance, qui s’appliquent la belle devise de Guillaume d’Orange (« Il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. ») Mais là, j’ai repéré une tête de liste dont le discours est suffisamment conforme à ce que je pense pour que je n’aie pas à me disperser aux marges. Pourvu que je n’ai pas à le regretter...
De toute manière, il est rare que ce que nous faisons – ou ne faisons pas – ait des conséquences remarquables. Sauf moments historiques ! Sauf alignement des planètes ! Sauf catastrophe absolue ! Donc, ce qui est nécessaire, c’est de rester cohérent avec soi-même, de conserver ses facultés de jugement et son énergie pour le moment propice, toujours très difficile à discerner.
En attendant, il faut maintenir. C’est ma règle. Ce que j’essaye de faire le mieux. Pour ce qui est de notre petit travail ici, on compte aussi sur vous. Votez pour qui vous voulez, mais n’oubliez pas de vous abonner ou de vous réabonner à cette presse dite « marginale » (alors que nous l’estimons plutôt centrale) qui entretient nos vieilles mais grandes idées. Celles-ci pourront servir, un jour ou l’autre, vous le savez et l’espérez comme nous. Merci donc.
P.S. Un algorithme m’a renvoyé à ce vieux souvenir – que YouTube fait donc réapparaitre – avec mon cher Emmanuel Chaunu. C’était il y a 17 ans ? J’avais la calvitie parfaite à ce que je vois...
Bon aujourd’hui, certains de mes propos tomberaient sans doute sous le coup de la loi...
En tout cas, je n’ai jamais été réinvité par KTO. Le temps a si vite passé !
J’avais alors une autre casquette. Je ne mélange pas la politique et la religion, encore moins le royalisme et la religion. On ne sert pas la religion en y mêlant le royalisme. Et l’inverse est probablement vrai aussi, du moins pour notre époque. Sainte Jeanne pardonne-moi :) Même si le royalisme tel que je l’ai connu tout au long de ces années, c’est aussi une éthique, qui m’a bien souvent permis d’éviter les bêtises, qui m’a permis de juger des hommes et des situations avec hauteur de vue et empathie et de me rétablir quand c’était nécessaire... Tout ce que je pourrais souhaiter à un jeune homme ou une jeune femme d’aujourd’hui, c’est de bénéficier de la même martingale, dont je n’ai pas trop eu à me plaindre.
F.A.