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Une révolution dans le royalisme - Quatrième partie - Chapitre III

16 avril 2010, 18:56, par F.Aimard

Chapitre III

LA N.A.R. VUE PAR LES INTELLECTUELS

En juin 1981, devant l’échec de sa campagne électorale, la N.A.R. s’interrogea et décida de lancer une grande enquête sur la vision qu’elle inspirait dans les milieux intellectuels.

Ainsi, elle écrivit à une dizaine d’intellectuels relativement proches d’elle, en demandant à chacun de lui dire comment ils voyaient la façon dont elle avait mené son combat royaliste depuis dix ans, depuis qu’elle avait quitté la vieille Action française.

La N.A.R. n’accompagna cette demande que d’une seule recommandation : celle de ne pas chercher à lui faire plaisir.

Certains intellectuels répondirent par lettre, d’autres furent interviewés. Leurs réponses furent publiées dans plusieurs numéros de « Royaliste » sous le titre : « ils nous jugent ».

Philippe de Saint Robert

« Gaullo-monarchiste », journaliste, historien, il estime que les royalistes de la N.A.R. sont les seuls qui, à sa connaissance ont su tirer toutes les conséquences du fait de la redécouverte par les Français que l’idée monarchique se rattachait moins à la nostalgie d’une restauration menacée, qu’à cette tradition capétienne qui incarne et vivifie la continuité politique de notre histoire, et dont parfois, d’autres régimes de circonstance, ont su respecter, voire assumer l’héritage.

Philippe de Saint Robert considère le régime giscardien comme s’apparentant aux « erreurs ultramontaines des restaurations ratées du XIXe siècle ».

Il pense que la N.A.R. a pourtant, parfois, un goût excessif des idées à la mode et des « semblants de débats » qu’elles suscitent ; d’autre part, il affirme que la génération de mai 1968 n’est malheureusement pas ce que la N.A.R. a cru qu’elle -serait, mais, il reconnaît que les faiblesses de la N.A.R. ne sont que le signe de sa volonté de vivre « avec son temps ».

Pierre Boutang

Philosophe royaliste, pour lui, le royalisme ne se veut pas une force, mais n’est pas non plus une simple opinion. Les vrais royalistes ne devraient pas, selon lui, être fidèles au royalisme, mais au Roi seul. Il affirme ainsi que la seule force des royalistes, c’est qu’il y à le Roi, et que le Roi « ne meurt pas ».

Pierre Boutang avoue qu’il a préféré, depuis que la N.A.R. existe, son mode d’action à tout autre, et ceci « sans injustice pour ceux qui se croient des adhérents au système du royalisme ».

Luc de Goustine

Écrivain royaliste, éditeur, ancien de mai 68, a répondu particulièrement chaleureusement à la N.A.R. Il semble très enthousiaste de ce bilan d’action depuis dix ans, et déclare : « ... le mot doctrine a retrouvé pour vous son sens actif et riche. »

Henry Montaigu

Historien, royaliste « plus traditionaliste » que la N.A.R. (il est disciple de René Guénon), est convaincu que les royalistes sont porteurs d’une certitude et d’une espérance. La vocation fondamentale du royalisme est, selon lui, d’être en perpétuelle dissidence du système. En considérant le giscardisme, il ne peut s’empêcher de penser que « la contrefaçon de l’ancien régime est à son comble ».

Olivier Germain-Thomas

Gaulliste, écrivain, éditeur, il voit en la N.A.R. le seul groupe politique où l’on puisse aborder « l’essentiel », c’est-à-dire, « ce qui est à l’origine de la politique, et donc la domine invisiblement : les questions spirituelles ».

Cependant, il « soupçonne » la N.A.R. d’être un peu dogmatique, pour ne penser qu’à la forme ancienne de la légitimité, « qui ne prenait son véritable sens que lié à un principe transcendantal ». Olivier Germain-Thomas n’est pas monarchiste et considère que le système mis en place n’est pas aussi superficiel que l’estime la N.A.R., mais néanmoins, que ce sont les dirigeants et politiciens du système qui ne valent pas grand’ chose.

Jean-Edern Hallier

Essayiste, polémiste, iI se montre favorable à l’alliance que la N.A.R. a fait avec la gauche, qu’il affirme positive ; cependant, il met fermement en garde de ne pas être dupe et de ne pas entrer dans le jeu de la gauche. Il pense que la N.A.R. aura un formidable avenir dans la vie politique et culturelle si toutefois elle sait prendre la politique par le biais de la culture. Et pour cela, il encourage à privilégier le talent. Jean-Edern Hallier se dit pour la souveraineté et « contre tous les pouvoirs ». « Nous vivons dans un monde illégitime », reconnaît-il, et il pense qu’il faut commencer, pour le rendre meilleur, à « balayer les idéologues ». Pour lui, la Monarchie incarne la Légitimité la plus belle. Il rappelle le vieux dicton, qu’il apprécie beaucoup, et qui s’applique en l’occurrence d’après lui : « c’est par l’inutile qu’on atteint l’utile ».

Marcel Jullian

Homme de télévision, éditeur. C’est un farouche partisan de l’alliance du Roi et du Peuple. Il reconnaît que la N.A.R. a su insister sur « cet aspect éternel et moderne » en même temps, de la pensée monarchiste.

Jean-Luc Marion

Philosophe, directeur de la revue catholique « Communio », conseille fortement à la N.A.R. de développer une « marginalité centrale ». « En politique, il suffit de ne pas être capable de conquérir le pouvoir pour être marginal », explique-t-il, mais pour lui, la N.A.R. est beaucoup plus que cela : ce n’est pas un mouvement politique, car elle ne cherche pas à conquérir le pouvoir, ni à défendre une idéologie. De ce point de vue, Jean-Luc Marion rejoint Pierre Boutang. « C’est par la Légitimité que la N.A.R. concilie ses idées apparemment contradictoires » poursuit Jean-Luc Marion, mais il pense qu’il faut déterminer, en théorie, ce que veut dire Légitimité.

Léo Hamon

Juriste, gaulliste de gauche, ancien secrétaire d’État de Jacques Chaban-Delmas, est reconnaissant à la N.A.R. de vouloir « épouser le mouvement libérateur des hommes ». Léo Hamon n’est pas royaliste, donc ne croit pas à la possibilité de la réalisation de l’objectif royaliste suprême, à savoir l’Instauration.

Toutefois, il affirme que la réconciliation nationale voulue par la N.A.R. doit aboutir, et il encourage fortement cette entreprise courageuse. « Je ne crois pas que la Monarchie puisse rentrer dans l’ordre des faits... » déclare-t-il, mais cependant, il respecte la volonté de la N.A.R. d’allier la raison au mythe.

Roger Pannequin

Ancien membre du Comité central du Parti communiste français, s’associe entièrement à la définition donnée par la N.A.R. de la bourgeoisie comme « usurpatrice du pouvoir populaire », et non seulement, comme l’a longtemps cru Roger Pannequin, comme simple usurpatrice du pouvoir gouvernemental.

Cet ancien communiste constate que, face à la Gauche, la N.A.R., ne s’est jamais située en adversaire, ni en étrangère. Il croit que la N.A.R. est destinée à jouer un rôle plus large que celui d’un simple cercle d’études, si elle demeure un mouvement vraiment contestataire II croit également que la N.A.R. peut apporter dans le domaine de l’histoire des classes sociales en France, un autre point de vue que celui de Marx.

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