Les élections législatives portugaises du 10 mars dernier sont le résultat de la démission du Premier ministre Antonio Costa le 7 novembre 2023 pris dans les raies d’un scandale de corruption dans lequel sont mises en cause également de nombreux hauts fonctionnaires et membres du gouvernement. Comme il s’y était engagé en cas de démission du chef du gouvernement, le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, a dissous l’Assemblée alors même qu’il pouvait décider de nommer une nouvelle personnalité politique issue de la majorité socialiste. Son engagement au sein du Parti Social-Démocrate, principal parti d’opposition a-t-il motivé son choix ? C’est une affaire entre lui et sa conscience. Cependant, conformément aux vœux du parti socialiste, les élections se sont tenues le 10 mars afin de permettre à ce parti de faire campagne dans de bonnes conditions, en ayant le temps nécessaire à la promotion de son programme.
Comme les sondages le laissaient supposer, ces élections ont été un échec pour le PS. Avec 28,66 % des suffrages exprimés et 77 sièges les socialistes perdent 14 points et 43 sièges par rapport à 2022, loin des 113 nécessaires pour détenir la majorité absolue. Cependant si l’Alliance démocratique arrive en tête de ces élections avec 29,5 % des voix et 79 sièges, son avance en voix et en sièges est faible et la droite parlementaire perd même deux points et deux sièges à l’issue de ce scrutin. Surtout, elle est très loin de la majorité absolue des sièges. Ces élections pourraient pourtant marquer le retour au gouvernement de nos amis royalistes du PPM (Parti Monarchiste Populaire) membres de l’AD car M. Montenegro, leader de la coalition, affiche dès le soir des élections son ambition de diriger le prochain gouvernement, Seul un gouvernement minoritaire à ce jour paraît envisageable car l’autre parti de droite, arrivé en troisième position, est considéré par lui comme infréquentable.
Ce parti, Cheuga (Ca suffit), mené par André Ventura peut se targuer de voir son score progresser de dix points par rapport à 2022 (18 %) et d’obtenir 48 sièges soit 43 de plus qu’il y a deux ans. Mieux, il paraît largement responsable de la hausse du taux de participation (66 %) alors que, depuis 1995, ce dernier n’avait jamais dépassé les 50%. M. Ventura, favorable à la baisse des impôts et à la hausse des salaires, a su se présenter comme un nouveau M. Propre, prospérant sur le mécontentement des électeurs face à l’inflation et la corruption et ce malgré une situation économique portugaise qui réjouirait bien des pays s’ils en bénéficiaient. Candidat antisystème, il se propose de gouverner avec M. Montenegro. Allez comprendre. L’avenir politique du Portugal s’écrit donc plus que jamais en pointillés.
Marc Sévrien