Sarah Bernhardt, une femme engagée

Adversaire de la peine de mort, elle prend la défense d’Auguste Vaillant, ouvrier en maroquinerie condamné à l’échafaud qui a lancé une bombe dans l’hémicycle de la chambre des députés le 9 décembre 1893 en ne faisant que des blessés légers. Elle le connaît et lui offre parfois des places dans son théâtre. Elle se joint à la campagne de presse et à la pétition qui viennent au soutien du recours en grâce déposé par une soixantaine d’élus dont des parlementaires victimes de cet attentat. Le président Sadi Carnot y reste sourd. Elle assiste à l’exécution de l’intéressé et écrit dans Ma double vie : « Je hais la peine de mort ! C’est un reste de lâche barbarie ; et c’est une honte pour les pays civilisés de dresser encore des guillotines et des gibets ! », ne cessera dès lors de répéter l’actrice, indignée par ce qu’elle considère comme « un crime de lèse-humanité ».

Elle aide aussi matériellement l’ancienne communarde Louise Michel jusqu’à sa mort en 1905 qu’elle rencontre régulièrement à Londres lorsqu’ elle y vient jouer des pièces de théâtre. En 1897, elle décide de créer au théâtre Les mauvais bergers d’Octave Mirbeau, un drame inspiré de celui de Fourmies de 1891 où la troupe a ouvert le feu sur des ouvriers du textile. Elle n’hésite pas non plus à soutenir Dreyfus au nom de la justice et adresse une lettre enflammée au directeur de l’Aurore, Georges Clémenceau qui publie le « J’accuse » de Zola le 13 janvier 1898 pour saluer son courage. Elle se révèle également être une féministe avant l’heure défendant l’union libre et l’avortement et en se joignant aux différentes campagnes des suffragettes.

Jacques Duconseil.

Hélène Tierchant Sarah Berhnardt scandaleuse et indomptable, Tallandier, 2023